« Une feuille simple nous suffira »
De mon tapis volant j’entends des chansons d’autrefois, des tubes de « hit parade » de « Salut les copains » et autre radios comme Europe 1, c’est Francis qui rêve à son amour nouveau en écoutant son transistor…
J’écoutais beaucoup la radio, Johnny était « L’idole des jeunes » et « retenait la nuit » Sylvie voulait « être la plus belle pour aller danser » et Richard entendait « siffler le train ». France me disait « ne sois pas si bête » et Eddy avait « toujours un coin qui me rappelle »…
Chaque soir, je pensais à Marie…que je ne reverrais que le lendemain, ce n’étais plus de l’amour mais pour moi de la passion…je ne pensais qu’à elle et je ne vivais que pour elle…je la voyais de loin dans la cour du collège et nous parlions de choses et d’autres mais jamais d’amour… »comment lui dire »…J’avais peur d’une réaction qui me ferait perdre sa présence…je me souvenais des jambes de Marie Eline et si je disais à Marie que je l’aimais, peut être me quitterait elle sur le champs!
M’aimait elle…moi 14 ans, elle 13…moi, je l’aimais bêtement…sans lui dire…et les heures de cours au collège me semblaient longs jusqu’à la sortie pour la rejoindre…je ne savais pas être tendre…et je n’avais pas « la tête de bois »
Les profs de quatrième sont plus regardants sur le travail…mais avaient aussi leurs petits secrets que Francis le fouinard allait essayer de découvrir…un jour je me suis glissé furtivement dans la salle de chimie et j’ai vu mon prof d’histoire donner un long baiser à la prof de physique chimie…je savais qu’ils fricottaient mais de là à s’embrasser dans une salle du collège!!! j’en étais outré…et mon prof d’histoire qui s’était rendu compte que je l’avais vu…me regardait toujours par la suite en rougissant…il était timide…enfin, pas avec les filles…Du reste, ils se sont mariés peu de temps après…
J’aimais bien ce professeur d’histoire…non pas pour son enseignement mais pour la timidité qu’il avait à enseigner…il ne disait pas « interrogation écrite » il disait »une feuille simple nous suffira » ou quand quelqu’un bavardait derrière son dos, il sortait un petit calepin et griffonnait dessus…rien, sans doute, mais cela suffisant à calmer les bavards…Quand toute la classe bavardait…il parlait de plus en plus bas …si bien que les élèves arrêtaient de parler pour écouter ce qu’il nous disait…Une feuille simple nous suffira….