Champions!
Mon tapis volant reste au dessus de cette ville ou les souvenirs de Francis se perdent dans le temps. Certains en les lisant se rappelleront de ce petit garçon plein de vie et d’espoir dans cette existence qui s’ouvre devant lui….
Quand on est très jeune, on a l’impression qu’on restera toujours comme ça….Les parents et les grands parents auront toujours le même âge et l’enfant sera toujours enfant…en vieillissant on commence à s’apercevoir qu’un jour on va changer et que tout ce qui vous entoure va changer…alors on se dit profitons d’être enfant…jouons….
Il fallait que je fasse du sport et c’est en me voyant jouer au football avec mes petits frères que mes parents ont pensé à ce sport…J’ai donc été inscrit au football et ce fut une révélation! Ce ne fut pas comme le basket, il y avait assez de monde pour former des équipes. Minime je m’apprêtais donc à jouer mon premier match officiel. Et quel match que je vous raconte…
Dans le boulevard où j’habitais, il y avait deux de mes camarades, deux frères, Rémy et Gérard, dont les parents voulaient qu’ils réussissent dans le football. Ces deux là ont donc été inscrit au grand club de Saint Quentin alors que moi j’étais licencié au club de ma petite ville…Les discussions de gosses sur les deux clubs qui allaient bientôt se rencontrer étaient passionnées. Le match ne s’est pas fait dans la rue car nous avions grandi et les bagarres ne nous intéressaient plus…le match des minimes de Guise contre ceux de Saint Quentin aurait lieu à la régulière à Saint Quentin un dimanche matin….
Il pleuvait des cordes, c’était mon premier match officiel et je jouais dans le grand stade de la grande ville contre mes deux camarades de quartier…il fallait que je les battent pour éviter les jacasseries au retour…Mes chaussures à crampons toutes neuves étaient entourées de terre glaise, lourdes comme des sacs de ciment, mais les intempéries décuplaient mes forces, là ou mes jeunes camarades restaient scotchés au terrain collant, je volais, ballon au pied, sur mon aile droite et j’ai battu mes camarades marquant trois buts…un par pied et un de la tête…Le retour, dans le camion du boucher de notre ville entre deux crocs, nous a paru long, tant nous avions envie de raconter notre exploit…battre les champions ou battre ceux qui se prenaient pour des champions parce qu’ils avaient un grand stade et une équipe senior championne du département.
J’ai revu Rémy plusieurs années après, jamais nous n’avons parlé de ce match qu’il avait chassé de sa mémoire…pas moi…surtout pas!