Fred, je vous le rappelle, se contente de relater sa vie et comment il a ressentit les événements. Ses propos ne sont que le reflet de ce qu’il a vécu lui et ce qu’il a vu.
Pour la cérémonie des obsèques des huit stagiaires décédés pendant le raid, Fred a été chargé de garder dans le réfectoire, les soldats qui n’ont pas de missions particulière sur la cérémonie. Ils sont environ quatre vingt assis, à commenter à voix basse les événements. En face du bâtiment de l’ordinaire, les cercueils sont alignés entourés par les troupes. Le ministre de la Défense et le Général, Chef d’état major de l’armée de Terre sont présents. Fred voit la place d’armes et suit la cérémonie. Il entend la sonnerie aux mort qui lui glace le sang dans les veines. Le soldats, dans le réfectoire, commencent à s’agiter. Un homme prend la parole et, tel un tribun harangue ses camarades leur faisant comprendre qu’ils ne peuvent rester là, les bras croisés pendant qu’on enterre leurs camarades. Soudain, les soldats se lèvent et, doucement, se dirigent vers la porte de sortie avec la ferme intention d’aller troubler la cérémonie. Fred est seul face à ces soldats déterminé. Comment les arrêter? Tout seul, il est ne peut le faire, il est impuissant….Les soldats avancent comme dans mauvais reve. Un éclair de colère s’empare de Fred. Il se met en travers, les yeux fixés sur le meneur. Les deux hommes se regardent dans les yeux et se jaugent. Les autres s’arrêtent;. Fred ne dit rien, s’il craque c’en est fini. Le meneur baisse les yeux le premier et doucement, fait demi tour suivi par ses quatre vingt camarades.
La cérémonie se termine et les huit corbillards quittent le camp alors que les hommes, sur la place, présentent les armes et que les autorités saluent le cortège.
Le soir, le Chef de centre a convoqué tous les cadres, sauf Fred. Il ne saura jamais ce qu’il s’est dit dans cette réunion. Très déçu par ce manque de confiance, Fred va continuer son travail. Nourrir les gens et ne pas se retourner. Aller de l’avant, mais il sait qu’il est dans le collimateur du commandement. Pourquoi?, le travail de sape orchestré contre lui depuis plusieurs semaines, pas ceux qui veulent le remplacer, commence à porter ses fruits. Il lui faut avoir des yeux dans le dos comme disait son grand père.
La semaine suivante, il reçoit son ordre de mission pour aller à Lille passer son CT1.