Dans la nuit du jeudi au vendredi, alors que les soldats qui ne sont pas de garde dans le fort dorment, un événement va les plonger un peu plus dans l’histoire.
Il est allongé sur son lit, il pense à Roselyne, la jolie jeune fille brune qui doit se demander pourquoi il n’est pas venu. Bien sur, il lui a écrit. Mais a-t-il trouvé les mots justes pour lui dire son amour et lui expliquer la situation. Soudain une grosse voix résonne dans la chambre.
»Debout là dedans!!! »
. Il ouvre les yeux et reconnaît la visage au crane rasé de l’adjudant chef M…., un des chefs de peloton de l’escadron.
» Habillez vous et rassemblement dehors ».
Il s’exécute rapidement et rejoint ses camarades devant l’entrée de la pièce de garde. Une section de combat y est déjà en place, alignée, les hommes au garde à vous. Quand toute la garde du fort est sortie de la pièce, l’adjudant chef prend la parole.
» D’après une information confidentielle, des grévistes se dirigent vers le fort pour voler les munitions ».
Dans son esprit, il pense à la prise de la Bastille. Les ordres fusent. Chaque homme est doté de munitions pour son FSA 49/56, on leur remet des fusées éclairantes et on les dispose sur les hauteurs, à plat ventre, en observation d’un secteur de surveillance. Les ordres sont de lancer une fusée éclairante dès la vue d’une colonne se dirigeant vers le fort…
Cette garde durera toute la nuit, et au petit matin, des caporaux porteront des quarts de café aux gardiens du fort transis. A onze heures, l’adjudant chef reçoit l’ordre d’abandonner le dispositif et de rentrer sur Belfort. Lui, il reste avec ses sept camarades pour attendre la relève du vendredi.