A LA QUINZAINE COMMERCIALE ON GAGNE

Cette petite anecdote est véridique. Peu importe le lieu et l’identité du personnage. Je lui prête ma plume ou plutôt mes doigts pour qu’il les fasse courir sur le clavier.

Mi décembre, la ville organise une quinzaine commerciale pour accompagner les emplettes de Noël des habitants Ceci se passe à peu près dans toutes les villes de France et c’est plutôt sympathique de se promener dans la ville avec les enfants dans cette ambiance de fête.

Au détour d’une rue, un homme, bien de sa personne, m’accoste et me tend un paquet d’enveloppes me demandant d’en tirer une comme on tire une carte d’un jeu. « C’est gratuit » me dit il « c’est la quinzaine de la chance, chaque enveloppe contient un bon d’achat, reste à en connaître le montant. » Je m’exécute et tire un bon de 10 Euros à utiliser chez un commerçant ayant affiché sur sa vitrine l’autocollant de participant au jeu de la chance. Ce bon est à utiliser avant le 6 janvier.

Je pars donc à la recherche d’un commerçant participant afin de repérer celui chez lequel j’effectuerai mon achat. Je choisis une boulangerie dans laquelle j’achèterai une galette des rois à l’épiphanie. j e reviens donc un peu plus tard avec mon bon d’achat et entre dans la boulangerie. En ce beau dimanche, il y a foule et quand mon tour arrive, j’exhibe fièrement mon bon pour commander une galette à 15 Euros. La boulangère prend les autres clients à témoin expliquant qu’elle n’aime pas ces méthodes, personne ne l’a prévenue, bien sur qu’elle va prendre mon bon mais qu’elle va s’expliquer avec l’organisateur de la quinzaine… enfin elle fait tout un plat devant sa clientèle et moi qui ne suis pas client habituel de ce commerce, je suis un peu gêné et déçu de cette réaction négative. Bon sa galette est mal passée (était elle bonne?, je ne peux le dire). Je suis dégoûté des galettes pour un bout de temps. Quant à la boulangère, elle ne me reverra plus dans son magasin. Et vu la tète de ses clients, ce dimanche, elle en a perdu….

L’attitude de la boulangère est contre productrice. Quand on organise une quinzaine commerciale, c’est pour inciter les gens de la ville à utiliser les commerces du centre ville. Si vous les accueillez de cette façon, vous les renvoyez vers les hypermarchés en périphérie.

L’APPEL (Autorisation d’absence)

C’est samedi après midi, le chef de section lui a signé une autorisation d’absence. Il s’est fait décompter pour le repas du soir, il dînera en ville avant d’aller au cinéma. Les soldats ont droit à une autorisation d’absence le samedi et une permission de spectacle le mercredi soir.

Belfort est un jolie ville de l’est avec des bâtisses en grès orange bistre, d’après ce qu’il s’en rapelle car il n’y est jamais retourné. En face de la gare il y a un self service, on mange d’excellentes escalopes de veau à la crème.

Il déambule donc dans la ville. Il ne connaît personne. Il entre dans un petit bar, le juke boxe crache une chanson de C. Jerome….elle avait un drapeau américain….je crois que je l’aimais bien…La serveuse ne le regarde même pas, un petit militaire. Elle est grande et très jolie. Toutes les filles sont jolies quand vous sortez d’un milieu ou il n’y a que des hommes. La fille lui sert son lait fraise et ne s’occupe plus de lui. Très vite il sort et va à la gare repérer les horaires pour le train  qui l’emmènera en permission début mai.

Soudain, il s’ennuie. Que fait il à errer dans cette ville en militaire. Il ne connait personne chez qui aller. Il prend une résolution. Demain matin, dimanche, il ira à la messe, comme il le faisait avant d’être militaire. Il se rend compte soudain que cela lui manque. Il n’y est pas retourné depuis Octobre 67 au moment de son engagement.

Nous sommes un samedi, en avril 68, le départ à Sissonne c’est dans quatre jours.